420 LE CONFLIT AUSTHO-SERBE de paix, par des rivalités industrielles et commerciales, et il arrive que les gouvernements mettent en action toutes les ressources de leur diplomatie afin d’assurer la préférence à leurs nationaux. Une première commission serbe, composée de quatre officiers, partit donc, en août 1903, pour se rendre chez Krupp, à l’usine autrichienne Scoda (près de Pilsen en Bohème), chez Erhardt (à Düsseldorf) et au Creusot. Les conclusions des techniciens furent nettement favorables aux usines Schneider et, dès ce moment, le gouvernement serbe se serait conformé à leur avis, si Krupp et Scoda n’avaient lié partie pour organiser une campagne et assurer quand même aux usines allemandes la commande du gouvernement serbe. Rien ne serait curieux, pour pénétrer, dans sa réalité vivante, l’histoire de notre temps et en connaître les ressorts secrets, comme de suivre toutes les péripéties d’une grande affaire industrielle : malheureusement une telle histoire, difficile à connaître, est impossible à raconter. Campagne de presse, intimidation diplomatique, promesses et menaces, corruption, tout fut mis en œuvre pour retarder la commande, provoquer de nouvelles expériences et assurer la victoire finale de l’industrie allemande. Le Creusot, de son côté, ne négligea pas de défendre ses intérêts. Après delongues tergiversations, le gouvernement serbe finit, en août 1905, par demander de nouveaux essais au polygone et envoya, pour y assister, une commission de dix officiers. Les expériences eurent lieu, au Creusot, du 9 décembre au 14 janvier 1905 ; elles furent marquées par quelques incidents d’importance insignifiante, dus à des modifications récentes apportées à la pièce, mais qui permirent à quelques membres de la commission, et plus tard à l’opposition parlementaire, de se prononcer contre les canons