556 LES INTÉRÊTS SPÉCIAUX DE LA FRANCE EN ORIENT temps, sous l’inspiration de M. Crispi, les journaux italiens reprenaient la polémique sur l’interprétation du traité de Berlin, attaquaient le protectorat français et réclamaient pour la monarchie de Savoie le droit de protéger les évêques et les missionnaires italiens. L’ambassadeur de France auprès du Vatican, le comte Lefebvre de Béhaine, n’eut pas de peine à montrer au gouvernement pontifical les liens qui rattachaient les unes aux autres ces manifestations diverses d’une même politique dirigée contre notre influence : une véritable conjuration s’ourdissait contre nos droits sous la direction de l’Allemagne protestante, de l’Angleterre antipapiste et de l’Italie spoliatrice du Saint-Siège. Le projet de nonciature à Pékin fut abandonné, ou plutôt ajourné sine die et, le 22 mai 1886, le cardinal Simeoni, préfet de la Propagande, par ordre de Léon XIII, publiait la circulaire Aspera rerum conditio, par laquelle il était ordonné à tous les missionnaires de quelque nationalité qu’ils fussent, de reconnaître tous les droits de France et de s’adresser à elle seule pour obtenir aide et protection. « On sait, disait le document pontifical, que le « protectorat de la nation française a été établi dans « les pays d’Orient et qu’il a été confirmé par des « traités conclus entre les gouvernements. Aussi l’on « ne doit faire à cet égard absolument aucune inno-« vation : la protection de cette nation, partout où « elle est en vigueur, doit être religieusement inain-« tenue et les missionnaires doivent en être informés, « afin que, s’ils ont besoin d’aide, ils recourent aux « consuls et aux agents de la nation française. De « même, dans les lieux de missions où le protectorat « de la nation autrichienne a été mis en vigueur, il « faut le maintenir sans changement. »