22 l’évolution contemporaine vue différents des deux gouvernements. Lord Derby affirme la nécessité de « l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Empire ottoman », Gortchakof répond : « 11 importe de reconnaître que l’indépendance et l’intégrité de la Turquie doivent être subordonnées aux garanties réclamées par l’humanité, les sentiments de l’Europe chrétienne et le repos général... et, puisque la Porte est incapable de remplir les engagements qu’elle a contractés, par le traité de 1856, vis-à-vis de ses sujets chrétiens... l’Europe a le droit et le devoir de se substituer à elle, en tant qu’il est nécessaire, pour en assurer l’exécution. » Lord Derby au banquet du lord Maire, le 10 novembre, et Alexandre II dans son allocution aux représentants de la noblesse et de la municipalité de Moscou affirment et précisent encore le point de vue de chacun des deux gouvernements. La guerre déclarée, le cabinet de Londres éprouvait encore le besoin, le 6 mai, d’adresser à celui de Saint-Pétersbourg une communication où il spécifiait à quelles conditions il conserverait la neutralité ; avant tout, ce sont les intérêts britanniques en Asie qui y sont invoqués : le canal de Suez restera libre, l’Egypte ne sera pas comprise dans le rayon des hostilités, Constantinople restera aux Turcs, le régime du Bosphore et des Dardanelles ne sera pas modifié; enfin le cabinet britannique fait allusion à des intérêts qu’il pourrait avoir à protéger « dans le golfe Persique ». Le Tsar, dans une conversation avec lord Loftus, à Livadia, dès le 2 novembre 1876, avait déjà pris soin de rassurer l’ambassadeur de la Reine; Gortchakof à son tour répond, le 20 mai 1877, à la communication de lord Derby en renouvelant les mêmes assurances; il n’entrait pas dans les intentions de la Russie de toucher aux