CHEMINS DE FER ET RÉFORMES 301 formes sont capables d’apporter à leur tâche cette ténacité et cette persévérance. La certitude que le Sultan restera le souverain de la Macédoine, mais que des réformes complètes y seront appliquées sous sa haute autorité, en même temps que sous le contrôle effectif de l’Europe, est de nature à assurer la paix dans les Balkans. Il y a, en Europe, un élément nouveau qui ne peut pas échapper au politique avisé qu’est Abd-ul-Hamid; les puissances sont décidées à en finir avec ces affaires de Macédoine éternellement renaissantes ; depuis six ans, en opposant, par un jeu très adroit, les grandes puissances les unes aux autres, en laissant les bandes grecques et serbes, en Macédoine, faire échec, par leur propagande armée, à « l’organisation » bulgare et accroître la sanglante anarchie où se débattent ces malheureuses provinces, le Sultan a réussi à empêcher le triomphe d’une révolution nationale et à donner l’impression qu’à Monastir, à Uskub, ou à Salonique, comme au Saint-Sépulcre, c’est le gendarme turc qui empêche les chrétiens de s’entre-détruire; il a donc gain de cause au principal. Mais le jeu ne peut plus durer; l’Europe sent qu’elle a été dupée, et elle est à bout de patience; la Russie et l’Angleterre ont des raisons décisives de vouloir aboutir à une solution pacificatrice. En vain Abd-ul-Hamid, fidèle à la tactique qui lui a si souvent réussi, tente de jeter du lest ; un iradé accorde au baron Marschall la garantie d’intérêts souhaitée par l’Allemagne pour le chemin de fer de Bagdad; l’af-feire d’Héraclée est arrangée au gré de M. Cons-tans; mais rien ne dispensera — espérons-le du moins — le Gouvernement ottoman d’accorder à la volonté unanime de l’Europe les réformes nécessaires ; c’est son intérêt autant que celui des grandes