ET LA QUESTION ARABE 373 L’Angleterre a occupé l’Egypte et substitué sa politique active, son esprit d’initiative et son besoin d’expansion à l’inertie et au désordre où les successeurs de Mehemet-Ali avaient laissé déchoir leur pays ; devenue maîtresse au Caire et à Alexandrie, elle attaehe d’autant plus de prix à tenir sous son autorité et sous son contrôle les abords du canal que des traités internationaux garantissent la neutralité du canal lui-même : si, en cas de guerre, l’Angleterre avait scrupule à mettre la main sur le passage, elle pourrait en tout cas en bloquer les issues à la distance requise par les conventions : la domination de la Mer Rouge rentre donc dans le programme de sa politique impériale. Au moment où, sur la côte occiden-tale^ elle créait Port-Soudan pour servir de débouché à tout le bassin moyen du Nil, il ne pouvait convenir à la Grande-Bretagne que la Turquie fît acte d’autorité sur la côte orientale, sur le flanc de cette route del’Inde que l’Angleterre surveille comme l’instrument indispensable de son omnipotence maritime et comme le signe visible de son hégémonie universelle. Le péril d’invasion, pour l’Egypte, est toujours venu de l’Orient, de Syrie ou d’Arabie; l’Angleterre le saife; attentive à deviner les dangers dont l’avenir pourrait menacer la vallée du Nil, elle monte une garde vigilante sur les bastions qui flanquent vers l’Est l’Egypte et le canal de Suez. Nous aurons à expliquer quels mouvements ostensibles et quelles sourdes agitations du monde arabe, prélude de profonds bouleversements, mcitent, particulièrement à l’heure actuelle, le cabinet de Londres à redoubler de vigilance et à surveiller les frontières du côté de la Syrie et de l’Arabie. L’occupation de Tabah par les troupes turques posait donc, au point de vue territorial, une ques-hon dont on aperçoit déjà l’intérêt et sur l’impor-