576 CONCLUSIONS nople, la politique anglaise se faisait plus dangereuse pour l’Empire ottoman. Aujourd’hui, du point de vue européen, c’est la rivalité mondiale de l’Empire allemand et de l’impérialisme britannique qui apparaît au premier plan dans le cadre immuable de la vieille question d’Orient et qui lui prête un peu de sa grandeur tragique et de ses dehors menaçants. En 1895-1897, au moment des affaires arméniennes, c’est l’alliance de la France et de la Russie qui a prévenu la catastrophe que lord Salisbury prédisait aux Turcs avec des métaphores bibliques et que Gladstone réclamait au nom de l’humanité; c’est elle qui a circonscrit et finalement arrêté la crise. Mais, aujourd’hui, les deux alliées sont devenues l’une et l’autre les amies de l’Angleterre ; de ce fait, la situation se trouve donc gravement modifiée. Nous avons vu comment le discours du baron d’Æhrenthal a causé en Russie un vif mécontentement ; l’entente austro-russe qui maintenait, depuis 1897, la paix et le statu quo dans les Balkans s’est trouvée rompue. Le Cabinet anglais a pris alors l’initiative d’une note demandant des réformes sérieuses en Macédoine ; puis il s’est effacé derrière la Russie avec un empressement adroitement dissimulé par une note assez rogue. Parmi les puissances, un groupement nouveau se formait et semblait se préparer à un rôle prépondérant dans les Balkans : la Russie, plus directement intéressée, avait la direction ; son alliée la soutenait; l’Angleterre se ralliait; on croyait l’Italie dans le jeu. La parade allemande fut très habilement conçue, dans le style classique de l’escrime diplomatique : l’Allemagne neutralisa en y entrant la combinaison qui paraissait tournée contre elle ; elle accepta le programme russe : son influence à Constantinople, elle l’emploierait à faire aboutir les