LES NATIONALITÉS 133 laisser de traces? Les descendants de ces colons romains et de ces Macédoniens latinés, ce sont les Ya-laques ou Roumains de Turquie. Chassés des grandes plaines par l’arrivée des peuples slaves, les uns se dirigent vers la Transylvanie où ils se réunissent aux anciens colons de la Dacie pour devenir les Roumains d'aujourd’hui ; les autres descendent vers le Sud, en suivant les montagnes du Pinde, et se fixent dans les épais massifs qui séparent l’Epire de la Thessalie et de la Macédoine; quelques-uns pénètrent jusque dans la Thessalie qui porta longtemps le nom de Grande-Valachie; d’autres vont jusque dans le Pélo-ponèse. Au moyen âge, les chroniques sont remplies des exploits de ces Yalaques. Au xiii8 siècle, un monarque de leur race, Joanice, règne sur un vaste empire roumano-bulgare, qui s’étend depuis le Danube jusqu’au Pinde : Innocent III lui écrit une lettre flatteuse pour lui rappeler qu’il est, non pas Grec, mais Romain. Mahomet II, au moment de la conquête, quand il veut désigner les chrétiens de son empire d’Europe, ne les nomme pas Grecs ou Hellènes, mais Romains, « Romei ». Son prédécesseur, Mourad II, était venu lui-même dans le pays des Yalaques et avait conclu avec eux une entente qui les laissait à demi indépendants dans leurs montagnes : c’est là que la race s’est conservée pure et forte, la langue intacte. Les Yalaq ues vivaient côte à côte avec les Grecs et en parfaite intelligence avec eux. Peu à peu l'hellénisme les pénétrait, si bien que, lors des grandes guerres de l’indépendance, c’est la race roumaine qui a fourni à la Grèce ses héros les plus valeureux; le fameux Botzaris lui-même était un Yalaque. Dans la dernière guerre contre les Turcs, en 1897, ce sont encore les bataillons valaques, les evzones, qui ont fait la meilleure