332 LA RIVALITÉ DES GRANDES PUISSANCES En quatre ans, le commerce entre l’Allemagne et l’Empire ottoman a plus que doublé. Les principaux articles à l’importation sont les cotonnades, les drogues et produits chimiques, le fer, les armes, les peaux, les machines, la confection, etc. ; à l’exportation, le coton, les drogues, les minerais, le blé, les peaux, les comestibles divers, etc. Si l’on compare ces chiffres à ceux de notre commerce, on constate que les deux totaux sont sensiblement les mêmes ; seulement, les Allemands vendent deux fois plus qu’ils n’achètent, tandis que c’est l’inverse pour nous. Les principaux fournisseurs de la Turquie sont (chiffres de 1905) : la Grande-Bretagne avec plus de 200 millions de francs, colonies non comprises, l’Autriche-Hongrie et l’Allemagne sur le même rang avec 100, l’Italie avec 70, la France avec 50. Or, en 1877-1881, la France venait au second rang, après l’Angleterre, pour l’importation en Turquie, et au premier pour l’exportation *. Notre commerce n’a pas diminué, mais il est resté stationnaire, et c’est notre part relative qui est en baisse par suite des progrès de nos concurrents. L’Allemagne ne se contente d’ailleurs pas de chercher à prendre sa part dans le trafic actuel de l’Em-pire ottoman : développement de ses lignes maritimes, positions prises par son commerce, influence politique à Constantinople, ne sont, dans le jeu de sa politique économique, que des préliminaires; ce sont, pour ainsi dire, les avenues d’une politique dont l’entreprise du chemin de fer de Bagdad est le centre, le point d’aboutissement. 1. Cf. Lettre-préface de M. Levasseur à la Turquie économique, par M. Georges Caries (Chevalier et Rivière, 1906, broch.).