LA QUESTION DES ÉCOLES 505 de jeter le discrédit sur tout l’enseignement des écoles et même des lycées de France ! M. Chariot se montre manifestement fier de sa perspicacité de pédagogue ; il a obtenu un succès personnel en racontant à des enfants arméniens, grecs ou turcs l’histoire d’Étienne Marcel, et il s’indigne que le nom du prévôt des marchands ne soit pas même cité dans le livre qu’il a vu entre les mains des enfants. Il s’afflige que les enfants apprennent par cœur la liste des capitales de l’Europe sans savoir au juste ce que c’est qu’une capitale, et l’histoire de la littérature sans avoir entre les mains les œuvres originales; il se plaint en général du manque de raisonnement et de critique dans l’enseignement. Il se peut que, pour certaines écoles, il y ait quelque fondement dans de telles critiques et certains congréganistes auraient avantage à en tenir compte ; mais M. Chariot aurait dû préciser et se garder de toute généralisation. J’ai personnellement constaté, au grand collège Saint-Benoît des Pères Lazaristes à Galata, que les élèves ont entre les mains les auteurs eux-mêmes et non des analyses, et qu’en littérature le procédé dogmatique du catéchisme n’est nullement employé ; il n’est pas exact non plus qu’en philosophie on ne dépasse pas la logique. M. Chariot prend soin de nous avertir qu’il a tenu compte « de ce fait « qu’en Orient les élèves sont, non pas moins intel-« ligents, mais plus en retard qu’en France et que, « dans la confusion des races, dans l’inégalité par-« fois profonde des aptitudes et des natures, le « maître rencontre des difficultés particulières à agir « efficacement sur l’ensemble de la classe », mais, à son insu, ses habitudes françaises ont inspiré ses jugements et il parle des écoliers orientaux comme si, pour la plupart d^fintre eux, on n’était pas obligé