RÉPERCUSSIONS ET SOLUTIONS 257 faudra distinguer entre la politique de Vienne et celle de Budapest. En tout cas, il serait très inexact de se représenter, comme on le fait parfois, la politique de Vienne comme un reflet de celle de Berlin. Parmi les puissances qui pourraient bénéficier d’une dislocation, générale ou partielle, de l’Empire ottoman, il faut nommer l’Italie; et c'est l’une des raisons de sa bonne entente avec l’Angleterre et de ses fréquents démêlés avec son alliée autrichienne. Tout l’effort de sa politique, elle le porte dans la Méditerranée orientale; elle prend ses mesures pour y succéder, l’occasion se présentant, à la Turquie en Tripolitaine, à la France dans le Protectorat de la catholicité latine. Elle aimerait à s’établir sur les côtes albanaises pour faire de l’Adriatique une mer italienne : c’est une tradition qu’elle a béritée de Venise. En Albanie, elle travaille à nouer des intelligences. La maison de Savoie est unie par des alliances de famille aux dynasties régnantes de Serbie et de Monténégro ; avec la Roumanie elle aime à rappeler la commune origine latine ; enfin, au printemps 1907, le roi Victor-Emmanuel a reçu, à Athènes, « un joyeux accueil » *. Le chemin de fer projeté qui, de San Giovanni di Medua (près d’Antivari), s’enfoncerait vers la Save et le Danube, mettrait Cettigne, Belgrade et même Bucarest à une distance relativement courte des côtes d’Italie. Il y a eu jadis un empire latin de Constantinople : l’Italie ne rêve pas de le reconstituer, mais elle suit de très près tout ce qui se passe dans l’Orient ottoman; s’il arrivait qu’un jour la Macédoine affranchie choisît pour la gouverner un prince italien, n’y aurait-il pas des chances pour qu’il devînt du même coup le chef, le président d’une Con- i. Discours de M. Tittoni du 15 mai 1907. il