430 LE CONFLIT AUSTRO-SERBE l’attentat, ayant été mis à la retraite, tout en conservant, d’ailleurs, leur influence et l’intégralité de leur traitement, le Foreign Office s’empressa de prendre prétexte de cette satisfaction pour rétablir ses relations diplomatiques avec Belgrade ; un ministre britannique, M. Whitehead, présenta au roi Pierre ses lettres de créance. — Depuis Trieste jusqu’à Salo-nique, l’Italie, dans la péninsule des Balkans, est en rivalité d’influence avec l’Autriche ; il est naturel qu’elle cherche à fortifier, en Serbie et au Monténégro, un élément slave capable d’opposer une digue à la marée montante du germanisme. La reine d’Italie est la fille du prince de Monténégro, la belle-sœur du roi Pierre Ier ; les meilleures relations existent entre Belgrade et le Quirinal. — Enfin nous avons vu comment le cabinet Pachitch a trouvé, en France, un utile concours pour exporter ses produits agricoles et sortir d’une crise pénible. Ces sympathies, qui venaient spontanément à la Serbie, lui apportaient non seulement un appui matériel, mais surtout un réconfort moral, au milieu des difficultés où elle se débat, et contribuaient à lui faire prendre conscience de la place qu’elle occupe, et surtout de celle qu’elle pourrait tenir, dans la politique danubienne et balkanique. Autant qu’à leur puissance matérielle, la force des nations se mesure aux espérances qu’elles incarnent et aux revendications qu’elles personnifient : plus encore que de ce qu’elles sont, leur importance dans le monde est faite de ce qu’elles pourraient devenir. Dès qu’on a franchi le Danube et la Drave, on a l’impression de pénétrer dans une Europe qui n’a pas encore pris son assiette définitive ; on marche sur un terrain encore mouvant; les nationalités semblent inachevées, les frontières provisoires, les Etats ms-