RÉPERCUSSIONS Et SOLUTIONS 241 blissait en Macédoine, les puissances seraient dans l’obigation morale de faire elles-mêmes un emprunt pour solder l’arriéré et suffire au présent. Un vieil officier turc, qui me parlait de cette situation, ajoutait : « Il vaut mieux que nous abandonnions aux chrétiens ces pays où ils sont trop nombreux ; nous devrions même nous retirer en Anatolie, laissant l’Europe qui n’est pas notre patrie ; nous nous reformerions selon nos propres lois et nos propres traditions, nous reviendrions à notre foi antique ; nous nous lancerions de nouveau à la conquête, et cette fois nous irions jusqu’à Vienne ! » Le mot est caractéristique, et, dans sa première partie au moins, il reflète l’opinion d’un grand nombre de Turcs. Peut-être serait-il donc moins difficile qu’on ne le pense d’amener la Sublime Porte à certaines concessions décisives; il serait de son intérêt bien entendu de les faire. Il faut, en tout cas, qu’elle se persuade que, si l’œuvre des réformes vient à échouer et si les troubles continuent à désoler la Macédoine, les pires éventualités sont à redouter. Mais pour que la Porte en demeurât convaincue et qu’elle agît en conséquence, d faudrait d’abord qu’il y eût, parmi les puissances, une sincère unanimité de volonté et une efficace unité d’action. V La question macédonienne est européenne, mais avant tout elle est balkanique ; elle intéresse d’abord les Etats de la péninsule. Au temps du Congrès de Berlin, les convenances des petites puissances pesaient bien peu dans les décisions des plus grandes ; 16