240 LA QUESTION DE MACÉDOINE C’est alors seulement que les populations prendraient confiance en leurs gouvernants, se mettraient au travail, créeraient d’elles-mêmes l’ordre et la prospérité, qui, depuis si longtemps, sont inconnus à ce malheureux pays. Un tel régime, pourvu qu’il sauvegardât le droit de souveraineté du Sultan, ne ferait que réaliser les promesses faites à maintes reprises, par l’Europe et par les Sultans eux-mêmes, aux chrétiens de Macédoine. Le sacrifice, pour le gouvernement turc, serait d’ailleurs moins important qu’on ne pourrait le croire. Loin de retirer des bénéfices de ses provinces macédoniennes, le Sultan est obligé de dépenser pour elles des sommes considérables qui grèvent lourdement ses finances. Depuis qu’est appliqué le droit de douane supplémentaire de 3 pour 100, (protocole du 25 avril 1907) le budget des trois vilayets est à peu près en équilibre ; mais il reste une charge extrêmement onéreuse pour l’Empire La solde de l’armée, les traitements des fonctionnaires sont encore en retard. L’arriéré en 1907 était de 360.000 livres turques, soit près de 8 millions et demi de francs que la Commission financière a énergiquement refusé de reporter sur le budget de l’année courante. L’exercice financier de 1906, malgré les efforts d’Hilmi Pacha et des conseillers financiers, a été en déficit de 300.000 livres turques. Comment la Sublime Porte fera-t-elle face à un tel arriéré, même à supposer qu’elle puisse, maintenant que le nouveau droit fonctionne, subvenir aux dépenses courantes ? Les provinces d’Anatolie, les plus fidèles, se lassent de payer des impôts qui ne profitent qu’à celles de Roumélie ; des incidents comme l’émeute de Trébizonde, à l’automne 1906, sont significatifs à cet égard. Si, au contraire, un régime nouveau s’éta-