250 LA QUESTION DE MACÉDOINE paru, entretenus et envenimés par des intrigues étrangères ; il nous suffira de rappeler ici que la, cause profonde de la mésintelligence, entre Serbes et Bulgares est toujours la question de Macédoine. A Sofia, on ne pardonne pas la violence et les succès des bandes serbes, tandis qu’à Belgrade on s’alarme des prétentions exclusives que l’on prête aux Bulgares sur la Macédoine. De part et d’autre, on se dispute avec acharnement la peau d’un ours bien vivant, bien pourvu de griffes et de crocs. Uskub surtout excite les jalousies : plutôt que de voir Uskub tomber entre les mains de leurs rivaux, Serbes et Bulgares préfèrent cent fois y voir demeurer les Turcs ! Qu’ils prennent garde qu’un beau jour quelque troisième larron ne vienne les mettre d’accord... Mais c’est en vain que tous les amis des Bulgares et des Serbes leur représentent la vanité de leurs querelles et la nécessité d’une entente cordiale fondée sur des sacrifices réciproques dans l’intérêt de ceux qu’ils appellent leurs frères de Macédoine : les ressentiments ont été, jusqu’ici, les plus forts. Et voici que maintenant (juin 1908) la Serbie et le Monténégro viennent de rompre leurs relations diplomatiques. Rara concordia fratrum / La politique d’autonomie de la Macédoine, sous la souveraineté du Sultan et le contrôle des grandes puissances, serait de nature à amener une réconciliation durable de tous ces petits Etats : et ce ne serait pas l’un des moindres avantages d’un tel programme. En tout cas, on peut affirmer que la Confédération balkanique, qu’ont entrevue et proposée certains pu-blicistes1, n’est pas à la veille de devenir une réalité. 1. Une Confédération orientale comme solution de la question d'Orient, par un Latin (Paris, Pion, 1905, in-12). — Le pseudonyme « un Latin » cache une personnalité roumaine.