134 LA QUESTION DE MACÉDOINE contenance. Jamais, jusqu’à ce jour, les Yalaques n’ont cessé de donner généreusement leur sang et leur argent pour la splendeur et la propagation de l’hellénisme. Beaucoup d’entre eux, enrichis en Europe par le commerce ou la banque, ont consacré leur fortune à la gloire de « l’idée » ; le baron Sina, qui fit construire l’Académie d’Athènes, était un Va-laque. Jusqu’au milieu du xixe siècle, les Roumains de Turquie et ceux du Danube n’avaient entre eux aucune relation ; les Valaques de Macédoine parlaient tous le grec qui était pour eux la langue de la civilisation; il ne venait à l’idée de personne que l’on pût s’instruire en une autre langue que le grec. A la môme époque, d’ailleurs, les riches Roumains des Principautés danubiennes savaient à peine l’idiome national qu’ils n’employaient que pour parler à leurs paysans ; le français était la langue de la haute culture et des relations internationales. Mais à mesure que grandit le royaume de Roumanie, qu’il prend sa place dans la vie politique européenne et que des écrivains nation; ux élèvent le roumain à la dignité de langue littéraire, des rapports commencent à s’établir entre les Roumains du Pinde et ceux des Karpathes. Des Valaques, établis en Roumanie, fondent un « Comité pour la résurrection de la nationalité roumaine en Turquie ». En 1868, Apostol Margarit, qui allait devenir l’apôtre du roumanisme, ouvre à Avdéla la première école roumaine : persécuté par les Grecs, il trouve un appui auprès des autorités turques ; il multiplie les établissements d’enseignement et décide quelques prêtres à célébrer l’office, ou au moins à lire l’Epître et l’Evangile en roumain. Athènes et le Phanar, émus d’une telle audace, se liguent. Si, à ce moment, les Grecs avaient compris que chaque nation qui prend conscience