LA QUESTION DES ÉCOLES 533 écoles, même celles qui, comme à Smyrne, sont établies par 1 Alliance nationale, sont données à des congréganistes ; on encourage par tous les moyens les religieux italiens à déserter le Protectorat français pour ne se réclamer que des représentants de l’Italie1. Ainsi l’Italie officielle et l’Italie catholique et papa-line, naguère encore irréconciliables, l’Italie franc-maçonne et l’Italie cléricale concourent ensemble, dans un grand effort patriotique, à la diffusion de la langue italienne et à l’essor de la puissance nationale. Singulière leçon pour certains Français ! Nous n’avons pas à redire ici comment, en ces dernières années, l’Allemagne a porté tout son effort sur l’Orient et comment le chemin de fer de Bagdad a été, pour ainsi dire, le pivot de sa politique. Il était naturel que les Allemands souhaitassent de répandre leur langue dans l’Empire ottoman, où leur hégémonie politique s’est affirmée avec tant de force. Le voyage de l’Empereur en Palestine lui avait appris sur quels fondements solides s’appuyait la suprématie française dans le Liban et la Syrie ; partout, sur son passage, les drapeaux français s’élevaient sur les édifices, comme un fier salut au représentant de l’Allemagne impériale ; dans le Liban, les maisons maronites s’abstenaient môme d’allumer leurs lampes si l’Empereur venait à passer le soir, de peur qu’on ne pût donner un sens politique à cette humble illumination quotidienne du foyer. Ne pouvant espérer ni obtenir pour lui, ni détruire le Protectorat français, l’Empereur se tourna du côté des musulmans et lit son discours sur le tombeau de Saladin ; mais il reprit en sous-œuvre l’œuvre ajournée, et le budget des écoles allemandes en Orient alla s’accroissant ; en 1. Voyez ci-dessus, pp. 346 et suiv.