LA QUESTION DES ÉCOLES 809 étrangères, quelles qu’elles soient, leur inspirent; il a pu causer, à Constantinople, à Smyrne, au Caire, avec des musulmans européanisés, de ces « désenchantés » comme on en rencontre dans les grandes villes... et surtout à Paris; il a pu s’entretenir avec quelques-uns de ces Ottomans d’avant-garde qui rêvent généreusement d’une Turquie libérale et modernisée selon les principes de la Révolution française ; mais il n’a certainement pas recueilli l’opinion vraie de la grande majorité des Turcs. Chez eux, le respect est à la base de la vie sociale, et particulièrement le respect de Dieu et de la religion. M. Gaston Bordât, dans l’un des excellents articles sur lesquels nous reviendrons, rapporte qu’un vali lui a dit : « Jamais je ne confierai mes enfants à des hommes qui ne prient pas. » Cette opinion est certainement celle de la très grande majorité des Turcs, sinon peut-être de tous les musulmans : de tous les étrangers, celui qu’ils respectent le plus, c’est l’homme qui prie, l’homme qui croit, du moins tant qu’il ne cherche pas à lui faire partager sa foi. Au reste, les statistiques de nos écoles sont plus probantes que tous les raisonnements ; elles montrent que les enfants de toutes les religions y vont chercher soit un enseignement primaire, soit une culture supérieure, et s’initier à notre langue qui est, dans tout l’Orient, celle de la civilisation. Peut-on croire que si leurs croyances confessionnelles y étaient aussi peu respectées que l’insinue M. Chariot, ils continueraient à y fréquenter? A l’Ecole de médecine de Beyrouth, le nombre des étudiants pendant l’année scolaire 1905-1906 a été de 233 (contre 212 en 1904-1905, 172 en 1903-1904, 195 en 1902-1903); ils se répartissent ainsi par re-Ügions ou rites :