CHEMINS DE FER ET RÉFORMES 269 chemin de fer de domination, une ligne impériale1. M. Isvolski, dans son discours du 18 avril, le constate, et il conclut : « On ne peut le juger que comme donnant à l’Autriche-Hongrie un avantage incontestable dans la péninsule des Balkans. » On a tout dit sur le Drang nach Osten, sur la poussée allemande vers l’Est et sur ses périls. Salo-nique est le point d’aboutissement naturel de cette marche du germanisme vers l’Orient dont les origines remontent aux premiers Habsbourg et à CharJe-magne. On a même parfois exagéré, croyons-nous, le péril d’une descente des baïonnettes autrichiennes, propagatrices de la culture allemande, vers la mer Egée. Le Drang, la poussée vers Salonique, c’est à-dire au moment où les Russes venaient d’éprouver le second échec de Plevna : « La Russie s’étant montrée incapable de résoudre la question d'Orient, ce sera désormais à l’Autriche-Hongrie d’aborder de concert avec l’Allemagne et d’accord avec l’Europe, l’œuvre de l’émancipation des pays des Balkans du despotisme turc. Il n’est pas besoin aujourd'hui, comme au temps du prince Eugène, de guerres »anglantes pour atteindre ce but. Au contraire, la politique de l'Autriche doit être éminemment pacifique, complètement opposée sous ce rapport à celle de la Russie. Au lieu d’exciter les nationalités, les haines religieuses, l’Autriche doit chercher à concilier les contrastes. Au lieu d’anéantir par la guerre et la révolution la prospérité des pays du Danube et des Balkans, elle doit se proposer pour but la régénération économique de la Turquie aussi bien que des deux principautés ; c’est dans l’intérêt même de son commerce que l’Autriche doit poursuivre, quand la paix sera faite, une semblable politique... » (Cité par ¿’Avril, op. cit., p. 440.) 1. Il est intéressant de rappeler, à propos de l’acte du baron d’Æhrenthal, un passage singulièrement suggestif des Souvenirs de Bismarck : « 11 est naturel que les habitants du bassin du Danube puissent avoir des besoins et des vues qui s’étendent au delà des limites actuelles de la monarchie austro-hongroise. Et la manière dont l’Empire allemand s’est constitué montre le chemin par lequel l’Autriche peut arriver à une conciliation des intérêts politiques et matériels qui sont en présence entre la frontière orientale des populations de race roumaine et les bouches de Cattaro. » C’est le plan d'une confédération balkanique sous l’hégémonie de l’Autriche. (Bismarck, Gedanken und Erinnerungen, 11, p. 252.)