LE CONFLIT AUSTRO-SERBE 443 États balkaniques y prennent garde : cette politique enfantine risque de leur faire perdre tout le bénéfice du travail sérieux et profitable qu’ils ont fait pour s’affranchir politiquement et économiquement. Dans l’État actuel de l’Europe, ils sont trop petits pour vivre seuls. La France, elle aussi, a un enseignement à tirer du conflit austro-serbe. Nous avons vu comment, sans compromettre nos bons rapports avecl’Autriche-Hongrie, nous avons pu, à la faveur des incidents de cette année, remporter pour notre industrie, nos finances et notre commerce, des avantages appréciables. La France n’a, dans les Balkans, aucune ambition particulière ; elle seule, peut-être, n’est pas suspecte, aux yeux des populations indigènes, qu’elles soient slaves, grecques ou roumaines, de rechercher des avantages territoriaux ; elle inspire confiance aux petits Etats, parce qu’elle est trop loin pour leur porter ombrage et parce qu’ils vénèrent en elle la grande nation émancipatrice. Il est bon qu’on le sache, chez nous : en Serbie, en Bulgarie, en Roumanie, au Montenegro, le Français est aimé, on parle sa langue, on admire sa civilisation, on recherche sa culture, on fait volontiers, quand il s’y prête, des affaires avec lui. A nous de profiter de ces bonnes dispositions, comme nous venons de le faire en Serbie, pour servir nos intérêts tout en travaillant à apaiser les discordes et à prévenir les conflits. En aidant, dans toute la mesure où nous le pouvons, au développement légitime des petits Etats danubiens et balkaniques, nous contribuons à fortifier, au Sud-Est des pays germaniques, l’utile contrepoids que jadis nos rois allaient chercher chez les Turcs ; nous préparons à nos capitaux, à nos ingénieurs, à nos commerçants, un riche terrain d’activité ; et enfin, à