150 LA QUESTION DE MACÉDOINE convient que « c’est sur des différences très légères, sur quelques particularités, que l’on doit s’appuyer pour tracer la limite entre les deux langues;... l’une des propriétés caractéristiques les plus importantes de ces différents idiomes est la présence de l’article en bulgare et son absence complète en serbe ; or, dans les dialectes macédoniens, l’article a pris un développement exceptionnel. » Les Serbes, en réponse, insistent sur d’autres particularités. Est-ce bien sur de si légères différences que l’on pourrait fonder une distinction de races, préparant une division nouvelle de la Macédoine ? Nous serions porté à attacher plus d’importance à l’opinion des officiers européens, des Français en particulier, qui ont parcouru en tous sens leurs circonscriptions et interrogé les paysans hors de la présence des gendarmes ou des fonctionnaires turcs, ou à celle d’un Père Lazariste, comme M. Cazot, que ses fonctions de directeur du séminaire catholique bulgare deSalonique ont appelé à parcourir seul un grand nombre de villages de la région de Salonique. Presque tous ces témoins sont d’accord pour considérer comme Bulgares les Slaves de Macédoine. Enfin il est avéré que, iusqu’à 1878, et notamment au Congrès de Berlin1, les chrétiens de Macédoine étaient généralement regardés comme Bulgares. Eux-mêmes s’appelaient et s’appellent encore « Bougarine » (Bulgares). M. Cvijic conteste la valeur de cette appellation au 1. Bismarck, dans son fameux discours du 19 février 1878, au Reichstag, à propos du Congrès de Berlin, a dit : « La situation ethnographique de la Bulgarie, comme je le sais de source authentique et comme il résulte de la meilleure carte que nous connaissions, celle de Kiepert, est de telle façon que les limites nationales descendent à l’ouest à peu près sans mélange jusqu’au-delà de Salonique et vont à l’est avec un peu de mélange d’éléments turcs jusqu’à la Mer-Noire... » (D’Avril, Négotiations, etc., p. 317.)