47.0 TRENTE ANS D’iNDÉPENDANCE qui se partagent le Sobranié des divergences de doctrines ; mais elles sont rarement profondes ; le pays est trop jeune pour que les partis aient poussé des racines historiques lointaines ; le plus souvent, c’est une question de tactique ou d’opportunité qui les sépare, ou tout simplementune question d’ambitions personnelles. Quand une faction occupela place depuis longtemps, les appétits impatients se coalisent pour la renverser et la remplacer. C’est l’heure que choisit le prince pour exercer sa prérogative de nommer les ministres. Son choix ne s’exerce pas forcément dans la majorité du Sobranié, car alors le même parti resterait toujours au pouvoir, le parti qui détient le gouvernement étant à peu près certain de faire élire un Sobranié qui lui soit favorable. Le prince appelle les hommes qui lui semblent le mieux répondre à la situation ; il dissout l’assemblée, et les élections nouvelles donnent généralement la majorité au nouveau cabinet. Ainsi les partis ne sont rien que par le prince, qui n’est d’aucun et qui se sert de tous. Une crise toute récente vient de montrer la manière dont il procède. Les Stamboulovistes (parti national-libéral, bien différent d’ailleurs de ce qu’il était au temps de Stamboulof) étaient depuis 1902 au pouvoir avec un cabinet présidé successivement parle général Petroff, M. Petkoff et M. Goudeff. La Chambre arrivant à l’expiration de son mandat, le cabinet a remis sa démission au prince qui l’a acceptée. Le journal du parti, Nov Vek explique ainsi sa résolution : « Le gouvernement a cru utile de donner sa démission dans un dessein d’intérêt national. Il n’était en désaccord ni avec le chef de l’Etat, ni avec la représentation nationale, il n’y avait pas même de désaccord entre les membres du cabinet. Sa retraite n’a d’autre raison d’être que l’expiration du mandat constitutionnel de la Chambre