274 LA CRISE DE 1908 étudie en outre, à Vienne, le projet d’un chemin de fer qui longerait la côte monténégrine par Cattaro et descendrait, par San Giovanni di Medua et Durazzo, tout le long de l’Adriatique ; étouffée entre ces deux chemins de fer, l’Albanie tomberait naturellement dans la mouvance de l’empire d’Autriche. Aussi ne faut-il pas s’étonner si, en dépit des paroles rassurantes que Guillaume II apportait en avril à Venise, la presse et l’opinion publique, en Italie, aient fait mauvais accueil au projet du ministre des Affaires étrangères austro-hongrois. Enfin la préparation d’un vaste système destiné à assurer la prépondérance autrichienne dans toute la partie orientale de la péninsule des Balkans s’achève par un effort pour entraîner le royaume hellénique dans le système austro-allemand : une phrase de l’exposé du baron d’Æhrenthal est significative à cet égard ; il y signale, comme faisant partie de son programme, la construction du chemin de fer de Larissa, en Thessalie, à Salonique; d’Athènes à Vienne on pourra, à l’avenir, voyager en express. On se demande si, à bien lire cette phrase, on n’y devrait pas trouver la trace d’une entente préalablement établie entre Vienne, Athènes et Yildiz-Kiosk. II Les discours politiques, comme les livres, ont leur destin. 11 en est, dont l’orateur se promettait de lointains retentissements, qui tombent dans l’indifférenco et dans l’oubli. D’autres, au contraire, prennent une portée inattendue qui dépasse les intentions de celui qui les prononce ; ils éveillent des échos insoupçonnés qui s’enflent et se multiplient à mesure qu’ils se