Dans l’empire ottoman 319 valeur militaire d’une armée dont la force pourrait être, dans un grand conflit européen, un appoint considérable. Un incidentcaractéristiques’estproduit en 1906 : le gouvernement turc ayant eu besoin du concours du cabinet de Paris pour la conclusion et l’admission à la cote d’un nouvel emprunt, l’ambassade de France demanda que des commandes fussent réservées à notre industrie : les Allemands s’opposèrent absolument à ce que ces commandes consistassent en canons ; nos ateliers fournirent des torpilleurs, des projecteurs électriques, des harnachements. L’hégémonie allemande en Orient est donc fondée d’abord sur les relations cordiales des deux souverains. C’est ce qui en fait la force et en même temps la faiblesse, car il se manifeste parfois, dans l’entourage du Sultan et parmi les hauts fonctionnaires, une certaine lassitude de la tutelle germanique ; c’est un sentiment dont les Turcs exagèrent volontiers l’expression quand ils parlent à des Anglais ou à des Français, mais qui existe réellement. Les préférences naturelles des hommes d’État turcs sont pour un système de bascule où les influences européennes s’opposent et se font échec les unes aux autres. Après le Sultan actuel, peut-être verra-t-on, sinon une réaction anti-allemande, du moins une bonne volonté moins constante à l’égard de l’Allemagne et de ses intérêts. Mais déjà les positions décisives seront prises ; l’aigle germanique a posé sa serre puissante sur l’Etnpire ottoman, la force seule pourrait l’obliger a desserrer son étrein te. Aux sympathies réciproques de deux souverains, survivra l’organisation allemande. Un réseau d’entreprises allemandes enveloppe toute la vie économique de la Turquie; toutes les affaires possibles sont notées d’avance, étudiées,