LE CONFLIT AUSTRO-SERBE 417 qui n’a guère dépassé jusqu’à présent 150.000 tètes. Les installations de la Société des abattoirs de Belgrade, tout à fait perfectionnées, peuvent soutenir la comparaison avec les plus modernes établissements d’Amérique ; de toutes les provinces de la Serbie, les troupeaux grognants des cochons velus comme des sangliers, s’acheminent vers l’immense hôtellerie de la mort ; ils y attendent, dans de vastes boxes, la visite du vétérinaire qui, enfonçant sa main dans leur gueule ouverte, au milieu de quels cris ! cherche au fond de la gorge les granulations caractéristiques de la maladie et sépare les animaux ladres de leurs congénères bien portants ; l’engraissement s’achève là, et le manque d’appétit est une condamnation à mort; dès que le porc manifeste moins d’empressement à manger, on le pousse dans le couloir ascendant au haut duquel un crochet l’enlève par une patte de derrière, tandis qu’un couteau lui ouvre la gorge; fendus en deux, dépecés, salés dans des frigorifiques, les porcs sont mis en caisses et expédiés vers Varna ou Salonique, d’où ils viennent faire concurrence, en France et en Angleterre, aux lards et aux jambons américains. Moyennant la garantie d’une certaine quantité de fret annuel, la compagnie marseillaise Fraissinet s’est engagée à envoyer régulièrement ses navires à Braïla pour y prendre les marchandises serbes apportées par la Compagnie roumaine de navigation sur le Danube, à Varna et à Salonique, pour y charger les caisses de porc salé. Aujourd’hui, le courant est établi, les transports organisés : même S1 la frontière austro-hongroise venait à se rouvrir, Une bonne partie des porcs serbes continuerait à être dirigée sur Marseille et Bordeaux et non plus sur Budapest. L expérience aujourd’hui est faite. Le paysan serbe