ET LA QUESTION ARABE 381 deuretla prospérité d’autrefois avec les humiliations et la misère d’aujourd’hui, sous le joug ruineux de l'Osmanli ; il évoque le souvenir des empires florissants qui se sont succédé dans les riches plaines du Tigre, de l’Euphrate, de l’Oronte et du Jourdain; il rappelle les myriades d’hommes qui pullulaient jadis sur ces terroirs privilégiés; il conclut enfin que, si la terre n’a pas perdu sa fécondité, ni le soleil sa chaleur, la dépopulation et la misère actuelles ne sauraient èlre que le fait de l’oppression et du mauvais gouvernement des Turcs. Il invite donc les soldats arabes, commandés par un tout petit nombre de chefs turcs, les sujets arabes, soumis au joug despotique du Yali et aux rapacités des agents du Sultan, à s’insurger, à proclamer leur volonté de vivre indépendants et à substituer, sans effusion de sang, une administration et des chefs arabes aux fonctionnaires ottomans. Coïncidant avec une prise d’armes des peuples balkaniques, Albanais et Macédoniens, un pareil mouvement aboutirait à un partage del’Empire ottoman entre les nationalités qui l’habitent et donnerait enfin, à l’éternelle « question d’Orient », une solution complète. Musulmans et chrétiens de toutes confessions et de tous rites seraient, à en croire les rédacteurs du Manifeste, déjà d’accord ou sur le point de s’y mettre; ils consentiraient à oublier leurs dissentiments religieux pour ne se souvenir que de leur parenté de race et pour s’unir dans une haine commune contre le Turc oppresseur. Les désirs des membres du « Comité national arabe» ont devancé la marche réelle des événements; leurs proclamations affirment par avance l’existcnce des sentiments qu’ils sont précisément destinés à faire naître et à répandre; il semble que les organisateurs du mouvement aient avant tout voulu, pour