230 LA QUESTION DE MACÉDOINE ria, jamais connu que le régime turc, voguent vers la libre Amérique. Si peu qu’ils s’y américanisent, ils en reviennent pourtant avec des idées nouvelles : les générations qui auront connu la vie et les lois des Etats-Unis et qui en auront rapporté l’aisance, ne pourront plus supporter ni l’oppression turque, ni la tyrannie des Comités, et il y aura vraiment quelque chose de changé en Macédoine. Reprenons, avant de finir sur ce sujet, et si l’on nous pardonne cette digression, les différentes phases de ce phénomène économique : l’émigration des Macédoniens. Le fait initial, c’est la concurrence que sefont entre ellesles grandes compagnies de navigation et le besoin qu’elles ont de faire des affaires ; leurs agents, cherchant partout des émigrants, trouvent les paysans macédoniens. Ils partent ; et leur lointain labeur provoque dans leur pays toute une révolution sociale, produisant la hausse des salaires et du prix des terres, expropriant une race au profit d’une autre, plus efficace en ses effets que l’effort de tous les agents de contrôle imposés par l’Europe à la Macédoine. Et là-bas, aux Etats-Unis, l’arrivée de ces robustes et sobres travailleurs entraîne d’autres conséquences ; elle tend à faire baisser le taux de la main-d’œuvre; elle rend la vie plus difficile à l’ouvrier anglo-saxon ou allemand : les Bulgares de Macédoine sont un des éléments1 de cet afflux nouveau de populations orientales, slaves, méditerranéennes, qui peu à peu supplante, aux Etats-Unis, la vieille race américanisée venue de l’Europe occiden- 1. Une Compagnie d’assurances italienne, VEspéria, leur assure, moyennant une prime de 15 francs : 1“ 200 francs en cas de mort accidentelle ; 2« 1.200 francs en cas de mort dans le mois qui suit leur débarquement; 3° 300 francs en cas de non acceptation sur le territoire américain.