392 LE CONFLIT ANGLO-TURC la poussée allemande, ses procédés ont changé, elle a pris hardiment l’offensive, suscité les révoltes de l’Yémen et du Hedjaz, donné asile, en Egypte, aux comités du « parti national arabe », envoyé en Mésopotamie l’illustre ingénieur sir William Willcocks pour y étudier les moyens de régénérer le pays par l’irrigation *, provoqué enfin l’incident de Koweït et mis à profit celui de Tabah. Koweit et Akaba occupent, sur les deux flancs de l’Arabie, une position presque symétrique ; sur la Mer-Rouge et sur le golfe Persique, l’un fait pendant à l’autre ; Koweit est au débouché du chemin de fer de Bagdad sur la mer des Indes, Tabah et Akaba sont au débouché sur la Mer-Rouge du chemin de fer de Damas à la Mecque, au point stratégique d’où l’on maîtrise la ligne en son milieu. Qui est maître de la baie de Koweit et du golfe d’Akaba étreint à la gorge la péninsule arabique et exclut de la mer toute puissance qui viendrait à se développer en Syrie et en Mésopotamie. Les affaires de Tabah et de Koweit s’expliquent l’une par l’autre parce qu’elles se complètent l’une l’autre. On n’a pas oublié comment la Deutsche Bank ayant, à la fin de l’année 1899, obtenu la concession du chemin de fer de Bagdad qui devait aboutir à Koweit, à 150 kilomètres au sud de Bassora, l’Angleterre chercha aussitôt l’occasion de contester à la Turquie les droits qu’elle revendiquait sur cette partie de la côte ; le vice-roi des Indes soutint le cheikh Mou-barek dans sa lutte contre l’émir du Nedjed, appuyé par la Porte, et lui fit accepter le protectorat anglais; une convention conclue avec la Turquie reconnut 1. Sur l’action anglaise dans l’Irak, voyez le livre déjà cité de M. Victor Bérard : Le Sultan, l’Islam et les puissances.