LE CONFLIT AUSTRO-SERBE 403 garder, pour en bien comprendre la signification, le conflit austro-serbe. I Ce n’est point assez, pour qu’un Etat vive, d’inscrire son existence dans les traités; il faut encore que sa constitution organique et sa situation dans le monde lui permettent de respirer, de se défendre, de se développer. Le Congrès de Berlin, en taillant le royaume de Serbie, tel qu’il est actuellement, l’a mal préparé au combat pour l’existence ; il n’est guère, en Europe, de configuration moins avantageuse. Nulle part l’Etat serbe ne s’approche de la mer; pour entrer en contact avec le reste du globe, il a besoin d’emprunter le territoire de ses voisins. Du côté de l’Adriatique, aucune communication directe par chemin de fer, mais d’épais massifs de montagnes, l’Albanie sauvage, la Bosnie et l’Herzégovine occupées par les Autrichiens ; pour rejoindre le Montenegro, dont la population est serbe de race et de langage, il faut traverser, sans routes ni chemins de 1er, l’ancien sandjak de Novi-Bazar où l’Autriche entretient trois garnisons. Du côté du Sud et de la mer Egée, une voie ferrée descend vers Salonique par Niseh et Uskub ; c’est le chemin le plus direct pour atteindre la mer ; mais la ligne est longue, elle traverse la Macédoine où la sécurité est mal assurée, fit elle appartient, sur tout le territoire turc, à la Compagnie des chemins de fer orientaux dont les capitaux et l’administration sont autrichiens. A l’Est, le Danube, dont les traités ont fait une voie neutre et internationale, et les chemins de fer bulgares et