LES NATIONALITÉS 149 slaves, tantôt serbes, tantôt bulgares. L’histoire de ces dernières années nous montre les Slaves de la région de Kustendil, que l’on regardait généralement comme Serbes, devenir, de par le traité de Berlin, de très fidèles sujets du prince de Bulgarie, et les Slaves de la région de Pirot, que l’on tenait pour Bulgares, devenir d’excellents citoyens du royaume de Serbie. Certainement si le traité de San Stefano avait été exécuté, les populations slaves de Macédoine seraient entrées volontiers dans la Grande-Bulgarie. D’après les linguistes, les Slaves de Macédoine parlent une langue qui n’est ni tout à fait le serbe, ni tout à fait le bulgare. Pour apprécier la subtilité de ces distinctions philologiques, il ne faut pas oublier que les paysans de Serbie et ceux de Bulgarie se comprennent entre eux, ce qui n’arrive pas toujours à deux paysans français, allemands ou italiens venus de régions différentes. Le dialecte macédonien tiendrait le milieu entre ceux des deux Etats voisins, et encore convient-il d’observer qu'il n’est pas partout semblable à lui-même, se rapprochant davantage du serbe dans la partie septentrionale du vilayet de Monastir et davantage du bulgare dans les régions qui avoisinent la frontière de la principauté. Sur ces pointes d’aiguilles, on bataille avec acharnement : nous nous garderons, quand les augures s’excom-munient entre eux, d’émettre, nous profane, un avis motivé. Le commandant Lamouche, philologue très compétent, aujourd’hui chef d’état-major du général inspecteur de la gendarmerie réorganisée en Macédoine, dit, dans son livre1, que « les dialectes macédoniens sont bulgares et non serbes » ; mais il Peninsule Balkanique. Paris, Ollendorff, 2* édition, 1899,