380 LE CONFLIT ANGLO-TURC l’instinct atavique de l’indépendance viendrait à se réveiller dans leurs âmes, où 12 millions d’Arabes comprendraient qu’ils sont le nombre et qu’ils ont la force, et resserreraient entre eux des liens effectifs de solidarité, la domination turque en Asie se trouverait gravement compromise. C’est de Mésopotamie et de Syrie que le Sultan tire la meilleure partie de ses revenus en argent et de ses ressources en hommes ; c’est parmi les Arabes que se recrutent les éléments de quatre des sept corps qui composent l’armée ottomane. Si, à l’exemple des peuples balkaniques qui tendent de plus en plus à constituer des Etats autonomes, la nationalité arabe prenait conscience d’elle-même, de son passé et de son avenir, et réclamait le droit de se gouverner librement, l’assiette sur laquelle repose toutl’édifice del’Empire ottoman serait menacée de ruine ; le jour où la domination turque viendrait à être compromise en Asie, ce serait fini d’elle en Europe. Ce jour-là serait venu, s’il en fallait croire sans réserves les affirmations sensationnelles du livre publié, à Paris, par M. Negib-Azoury-bey *, et si l’on s’en rapportait uniquement au « Manifeste aux nations éclairées et humanitaires de l’Europe et de l’Amérique du Nord » ou à 1’ « Appel de tous les citoyens de la patrie arabe asservie aux Turcs », lancés par le « Comité national arabe de la Turquie ». Invoquant la communauté de race et rappelant la glorieuse histoire des Arabes de Syrie et de Mésopotamie au temps îles grands Khalifes Ommiades et Abassides, Ie « Comité national arabe » met en parallèle la granit. Le Re'veil de la nation arabe dans l'Asie turque (Pion, 1905, in-12). — Cf. Eugène Jung, Les Puissances devant la révolte ara e (Hachette, 1906, in-12). — Voyez aussi la revue : l’Indépendance arabe publiée à Paris (11, rue Férou).