472 TRENTE ANS D’iNDÉPENDANCE dance et de sa liberté. Et l’on ne sait, en vérité', ce qu’il convient d’admirer davantage, ou du prince qui sait faire accepter de tous son autorité bienfaisante, ou du peuple qui a le bon sens de se laisser conduire. III La force de la Bulgarie, son avenir, est dans la masse de ses paysans. La Bulgarie est une démocratie rurale, un pays de petite propriété. Les grands domaines ne s’y rencontrent qu’à l’état d’exception très rare. Au temps des Turcs, il existait une classe de grands propriétaires fonciers : on les appelait les tchorbadjis ; ils possédaient les tchifliks ou grands domaines, sur lesquels beaucoup de paysans travaillaient comme colons; ils étaient des intermédiaires entre le gouvernement ottoman et les paysans bulgares. L’état social de la Bulgarie était donc comparable à celui que nous voyons encore en Macédoine, avec cette différence que les grands propriétaires qui bénéficiaient du régime turc étaient chrétiens, tandis qu’en Macédoine ils sont en majorité Turcs. Nous avons expliqué plus haut comment la question macédonienne est avant tout une question sociale1 : c’est cette question sociale que nous voyons aujourd’hui résolue en Bulgarie et en Serbie. Les tchorbadjis bulgares ont disparu en tant que grands propriétaires, mais comme ils étaient restés chrétiens, ils se sont retrouvés patriotes et ils ne se distinguent plus 4. Voyez ci-dessus, chapitre ni, page 154.