320 LA RIVALITÉ DES GRANDES PUISSANCES cataloguées, demandées. Les historiens ont souvent remarqué que l’unification de l’Allemagne sous le caporalisme prussien n’était pas l’œuvre organique de la nature, mais l’œuvre artificielle de la volonté de quelques hommes. De même aussi l’expansion économique de l’Empire, sa puissance sur mer, « l’impérialisme », est une œuvre de volonté et d’organisation méthodique. Quand l’Allemagne, dernière venue des grandes nations industrielles, arriva sur le marché universel, les commandes, comme par une pente naturelle, allaient se concentrer à Londres. Pour vivre, les industriels allemands durent conquérir leur clientèle par la supériorité de leur organisation ; ce qui, pour les autres grandes nations productrices, a été l’œuvre patiente du temps et des circonstances, fut, de leur part, le résultat d’un plan conçu d’ensemble et méthodiquement réalisé. L’organisation de l’exportation fut l’œuvre des banques, stimulées elles-mêmes et soutenues par l’Ëtat. Le cosmopolitisme financier, l’internationalisme de l’argent n’ont pas empêché les banques allemandes de travailler avant tout dans un intérêt patriotique. Les capitaux étant rares, la nécessité s’imposait de ne les employer qu’à bon escient et d’en tirer le meilleur parti possible pour favoriser l’essor de la production nationale. Tandis que, pour d’autres, l’abondance des capitaux est souvent un avantage plus apparent que réel, leur rareté fut, à certains égards, une condition favorable à l’expansion allemande. Avec le même capital, les mêmes hommes créèrent des banques, puis des industries auxquelles les banques fournissaient leur mise de fonds et qui,a leur tour, apportaient aux banques des affaires.. Banques et usines s’associèrent pour obtenir l’étranger des entreprises, des concessions, des corn-