558 LES INTÉRÊTS SPÉCIAUX DE LA FRANCE EN ORIENT avec toutes ses conséquences sont sorties de là. Ainsi finit la première tentative pour effriter et détruire le protectorat français. Le voyage de l’empereur Guillaume II à Constan-tinople et à Jérusalem, en automne 1898, coïncidant avec l’expédition conduite en Extrême-Orient par son frère le prince Henri, fut le plus redoutable et le plus habile des assauts qu’ait eu à subir le protectorat français. Le Kaiser faisait annoncer son voyage à grand fracas ; pour gouverner il s’appuyait sur le Centre catholique, la fraction la plus nombreuse du Reichs-tag; il envoyait à Rome, porteur de paroles séductrices, le cardinal Kopp, prince-évêque de Breslau. En France, le gouvernement et les catholiques s’inquiétaient de ces manifestations et de ce qui s’ensuivrait : écho de ces inquiétudes, le cardinal Langénieux, archevêque de Reims, adressait, le 20 juillet 1898, une lettre au Souverain Pontife pour lui soumettre l’expression de ses « craintes patriotiques » et lui demander « une parole qui nous rassurât ». M. Del-cassé, de son côté, envoyait à Rome un négociateur autorisé, avec la mission d’appuyer et de faire aboutir la démarche du cardinal. Léon XIII et le cardinal Rampolla donnèrent gain de cause à la France. Le 20 août, avant le départ de l’Empereur pour l’Orient, le Pape écrivait au cardinal de Reims une lettre qui était une nouvelle et éclatante confirmation des droits et prérogatives de notre pays1. Constatant que, en Palestine, « les ennemis du nom catholique redou-« blent d’efforts et d’activité », il ajoutait : « La France a en Orient une mission à part que « la Providence lui a confiée : noble mission qui a 1. On trouvera le texte de la lettre, ainsi que de celle du cardinal Langénieux, dans notre livre : Lu Chine qui s’ouvre, Appendice, p. 293-293.