LES NATIONALITÉS 137 temps où ils agissaient sous l’inspiration de l’hellénisme et se faisaient les défenseurs d’une cause qui n’est pas la leur. On sait à la Porte et à Yildiz que l’on peut compter sur leur loyalisme et l’on voit sans inquiétude grandir en Macédoine une nationalité nouvelle dont la présence et les droits créent un contrepoids à l’hellénisme et au slavisme, et qui, pour n’être pas absorbée par ses puissants concurrents, a intérêt au maintien de la souveraineté du Sultan. La longue distance qui sépare les Roumains de Turquie de ceux du Danube, est, à elle seule, une garantie suffisante que les deux rameaux ne chercheront pas à se rejoindre autrement que par la communauté de la langue et de la civilisation. Ce que veulent les Roumains du royaume, c’est, quoi qu’il arrive en Macédoine, que les droits de leur nation soient reconnus et respectés. En 1906, grâce aux efforts persévérants du très distingué diplomate qui représentait à Constantinople le gouvernement du roi Carol, M. Alexandre Lahovary, la personnalité nationale des Yalaques de Turquie a été officiellement reconnue. La diplomatie roumaine demande aujourd’hui à la Porte d’user de son autorité pour obliger le patriarche grec à concéder aux Yalaques de Macédoine le droit qu’ont obtenu les Serbes d’avoir des évêques et des prêtres de leur race et une liturgie dans leur langue. Ainsi sera constituée la nation roumaine de Turquie. Les Grecs prétendent que le chiffre de ceux qu’ils appellent les Koutzo-Valaques n’atteint pas dix mille; les statistiques bulgares, serbes ou turques en comptent soixante-dix mille; en réalité, si tous les Valaques de la Turquie d’Europe étaient rentrés au bercail national, ils seraient plus de sept cent mille, et si l’on y ajoutait ceux qui vivent en Grèce et en Roumélie, ils dépas-