520 LES INTÉRÊTS SPÉCIAUX DE LA FRANCE EN ORIENT prend certaines précautions, et si l’on s’abstient absolument de toute propagande anticléricale, donner de bons résultats. Quant aux écoles françaises laïques, il n’en existe encore qu’un très petit nombre; celle de Brousse, que j’ai eu le plaisir de visiter, dirigée par M. et Mme Yelletaz, est parmi les plus anciennes et les plus méritantes. Il n’y aurait que des avantages à multiplier ces écoles, à la condition de choisir, pour les créer, les villes où il n’y a pas encore d’écoles françaises ou celles où elles sont insuffisantes pour le nombre des enfants. Le gouvernement songerait, paraît-il, à créer d’abord une école normale destinée à former des maîtres laïques pour les écoles françaises; il aurait choisi pour le siège de cette école, la ville de Limassol, en Chypre, c’est-à-dire sous le pavillon britannique; un député de cette ville aurait offert à la France un vaste terrain où seraient édifiés des bâtiments spacieux pouvant contenir environ cent cinquante instituteurs ; les constructions coûteraient de 125.000 à 150.000 francs1. Malheureusement créer des collèges, une école normale, des écoles, des cours commerciaux, c’est un programme séduisant, mais coûteux. Si l’on veut avoir dans les collèges laïques français d’Orient un bon personnel, qui prenne goût à sa tâche et qui se fixe volontiers pour la vie là où il se sera une fois établi, il faut le bien payer. Les professeurs que l’on attirera en Orient, loin de leur patrie, ne doivent pas « être réduits à des traitements de misère » ; la vie et surtout le logement coûtent cher dans les villes d’Orient ; cher aussi coûtent les vacances passées en France. Il est indispensable au bon renom et au prestige de l’enseignement laïque français, en face i. Information du Temps du 9 septembre 1907.