CHEMINS DE FER ET RÉFORMES 283 communication, à travers la Roumanie, avec la Serbie et le groupe des pays jougo-slaves. Deux tracés ont été proposés et étudiés ; le choix de l’un ou de l’autre n’a pas seulement un intérêt technique, mais aussi et surtout politique. Dans toute la traversée de la Serbie, les deux projets se confondent; le gouvernement serbe a depuis longtemps fait commencer les travaux ; une section de cinquante kilomètres est même déjà achevée. La ligne part de Radoujevatz, sur le Danube, un peu au nord de Negotin, à peu de distance en amont de la frontière bulgare ; c’est là, entre Radoujevatz et Praovo, que l’on projette un grand pont sur le Danube qui permettrait la soudure avec le réseau roumain àCraïova. De Radoujevatz la voie remonte la vallée du Timok, franchit une chaîne de montagnes et arrive à Nisch où bifurquent déjà la ligne de Salonique et celle de Sofia-Constantinople. Nisch deviendrait ainsi un nœud très important de voies ferrées. De là le chemin de fer se dirigera vers le Sud et, par la vallée de Toplitza, arrivera à Kourchoumlié, près de la frontière turque. A partir de ce point les deux tracés diffèrent. C’est celui du Sud dont la concession est demandée à Constantin ople par la Serbie et la Russie ; de Kourchoumlié il se dirige sur Pristina, traverse la plaine de Kossovo, coupe à Ferizovic la ligne de Mitrovitza à Salonique, longe le flanc septentrional du Char-Dagh, atteint Prizrend, principal centre d’un grand bassin naturel dont la fertilité et la richesse seraient merveilleuses si la sécurité y régnait; puis, par l’étroite vallée du Drin, il arrive à l’Adriatique. A l’embouchure du Drin s’ouvre la baie de San Giovanni di Medua; c’est l’aboutissement naturel du chemin de fer; mais la baie est peu profonde, marécageuse et l’établissement d’un port y serait coûteux