262 LA CRISE DE 1908 — Discours du trône anglais. — Programme anglais du 3 mars. — Programme russe du 26 mars. — Faillite de la politique de Mürzsteg. — Analyse du programme russe. — Nécessité d’un programme simple et d’une action énergique. — Dangers de la situation actuelle. I Il y a quelque chose de changé en Europe depuis qu’à la Commission des Affaires étrangères de la Délégation hongroise le baron d’Æhrenthal, ministre commun des Affaires étrangères , a prononcé 1’ « exposé » de sa politique (27 janvier 1908). Que disait donc le baron d’Æhrenthal et pourquoi ses paroles ont-elles eu le retentissement que l’on sait? 11 célébrait d’abord les avantages de l’entente austro-russe; puis il ajoutait : « Fidèles à notre politique balkanique, nous ne cherchons pas à faire une conquête territoriale. Dans le Balkan, notre mission est une mission de civilisation et une mission économique. Elle est d’autant plus importante que les pays balkaniques sont à la veille d’une ère de développement considérable. L’ouverture à la vie économique de l’Asie Mineure et de la Mésopotamie sera toujours considérée comme un exploit de l’esprit d’entreprise germanique. D’autres grandes nations civilisées ne travaillent pas avec moins d’ardeur à créer, dans l’Empire ottoman, de nouvelles ressources. Toutes ces entreprises, qui consistent pour la plupart en la construction de nouvelles et très importantes lignes ferrées — peu importe que celles-ci soient tracées de l’Ouest à l’Est, ou inversement — visent un grand but : établir, par la voie de Constantinople et des Détroits, un colossal échange de bienfaits économiques entre l’Occident et l’Orient. Il est évident que, de ce chef, les pays situés au-delà de Constantinople sont destinés à acquérir une importance. Mais nous sommes, nous aussi, de par la possession de la Bosnie, une puissance balkanique : notre tâche et notre devoir consistent à discerner les signes des