LA QUESTION DU PROTECTORAT 547 tiques français; il n’est jamais question des chrétiens — même catholiques — qui sont sujets de l’Empire ottoman. Mais en fait, peu à peu, l’usage s’introduit de les comprendre dans la clientèle de l’ambassade de France. Par la force des choses, les chrétiens d’Orient s’adressent à la France et celle-ci, naturellement, ne laisse pas passer l'occasion d’accroître sa clientèle et d’étendre son influence. Dès 1604, les Franciscains de Péra témoignent que Savary de Brèves, l’envoyé d’Henri 1Y, a protégé les évêchés de l’Archipel et « constamment défendu et assisté « toutes les Eglises et tous les chrétiens qui se sont « adressés à lui ». Et Bonaparte, traçant au général Brune ses instructions, lui écrit le 18 octobre 1802 : « L’ambassadeur à Constantinople doit prendre « sous sa protection tous les hospices et tous les « chrétiens de Syrie, d’Arménie, et spécialement « toutes les caravanes qui visitent les Lieux-Saints *. » On sait comment les intrigues et les efforts persévérants de la Russie pour substituer l’influence slave et orthodoxe à l’influence française et catholique en Palestine fut l’une des causes qui décidèrent Napoléon III à se ranger du côté de l’Angleterre et à entreprendre la guerre de Crimée. De tous les clients qu’a la France dans l’Empire ottoman, les plus anciennement fidèles sont à coup sûr les Maronites du Liban. C’est Saint-Louis le premier qui, par une lettre du 21 mai 1250, écrit : « Nous « sommos persuadé que cette nation que nous trou-« vons établie sous le nom de Saint-Maroun est une « partie de la nation française, car son amitié pour « les Français ressemble à l’amitié que les Français 1. Testa, Recueil des traités de la Porte ottomane, II, p. 252. — Cf. Rey, La Protection diplomatique et consulaire dans les Echelles du Levant et de Barbarie (Paris; Larose, 1899), p. 349-350*