DE LA QUESTION D’ORIENT 37 Le prince Alexandre de Battenberg, neveu du Tsar, fut lui-même obligé de suivre le mouvement et de marcher avec le parti national : en 1883, la rupture entre la Russie et la Bulgarie est complète. Dans la nuit du 17 au 18 septembre 1885, un comité à la tête duquel était le patriote Stranski proclamait, à Philippopoli, l’union delà Roumélie et de la Bulgarie sous le gouvernement du prince Alexandre qui accourait à Philippopoli et prenait le titre de prince des deux Bulgaries. Qu’allait faire l’Europe en présence d’une violation aussi audacieuse du traité de Berlin? Sans doute l’Angleterre, où lord Salisbury n’avait pas quitté le ministère, interviendrait au nom de l’intégrité de l’Empire ottoman et de la sécurité de Constantinople, compromise par la suppression de l’obstacle des Balkans. Mais, depuis 1878, les conditions de l’équilibre politique de l’Europe avaient été modifiées; du traité de Berlin étaient sorties de nouvelles combinaisons de puissances. La Russie, irritée contre l’Allemagne, « se recueillait » dans la paix et dans le silence, tandis que le prince de Bismarck avait, dès le mois d’août 1879, dans l’entrevue de Gastein avec le comte Andrassy, jeté les bases de la Triple alliance et en avait imposé l’approbation, malgré ses vives répugnances, à l’Empereur son maître. L’alliance de l’Autriche-Hongrie et de l’Allemagne était destinée à assurer le respect des traités, du traité de Francfort, mais aussi et surtout du traité de Berlin; l’Autriche n’acceptait l’alliance qu’en vue d’obtenir le concours de l’Empire allemand dans sa politique balkanique et son appui au cas ou sa marche vers Salonique provoquerait une agression de la Russie. D’ailleurs le développement industriel et commercial de l’Allemagne et, à partir