CONCLUSIONS 579 pressé de donner satisfaction à l’opinion publique, peut-être même de pousser plus loin l’expérience « d’encerclement » dont se plaignent les journaux allemands, se concerte avec le gouvernement du Tsar pour proposer aux puissances un programme de réformes et mettre le Sultan en demeure de l’accepter? Les plus graves événements pourraient sortir d’une pareille situation si d’ailleurs toutes les puissances continentales n’étaient animées du plus sincère et du plus ardent désir de paix. L’entente austro-russe pour les afiaires balkaniques était un très puissant facteur de paix ; elle créait un lien entre l’Autriche-Hongrie, qui fait partie de la Triple Alliance où elle remplit très heureusement un rôle de conciliation et de pondération, et la Russie alliée de la France. Le discours et les actes du baron d’Æhren-thal ont rompu le pacte, ou tout au moins l’ont très sensiblement relâché; c’est aujourd’hui une conjonction nouvelle, l’Angleterre et la Russie, qui cherche à prendre dans les Balkans un rôle de direction. Mais le maintien de l’entente européenne est nécessaire : si les cabinets de Londres et de Pétersbourg prétendaient agir seuls, en dehors du concert des grandes puissances, ils se heurteraient à l’inertie du Sultan, et qui ne voit les graves complications qui pourraient survenir? S’ils cherchent au contraire à obtenir l’adhésion de toutes les grandes puissances, et, au besoin, leur participation à une démonstration militaire, comment ne pas craindre que les réformes ne restent, une fois encore, illusoires ? Et de là peut sortir un autre péril. Jamais les Bulgares n’ont été mieux préparés à la guerre, jamais ils n’ont proclamé, avec tant d’insistance et de plaintes, que la situation est devenue pour eux intolérable et que, si l’Europe n’intervient