394 LE CONFLIT ANGLO-TURC IV La crise aiguë du conflit anglo-turc a duré moins de quinze jours, du 3 au 15 mai 1906. Le gouvernement de Londres s’était, plus de deux mois durant, contenté de poursuivre un débat diplomatique : c’était le temps où la Conférence d’Algésiras absorbait l’attention de l’Europe. N’obtenant pas satisfaction, le Foreign Office se décida à agir ; le 3 mai, sir Nicolas O’Conor présenta à la Sublime Porte une note qui ne lui accordait qu’un délai de dix jours pour retirer ses troupes de la presqu’île du Sinaï. En même temps, la flotte de l’amiral lord Charles Be-resford quittait Malte pour la rade de Phalère, tandis que le prince Louis de Battenberg, avec une division de croiseurs, apparaissait dans les eaux de ¡’Archipel et que l’escadre cuirassée de l’Atlantique ralliait Gibraltar. De Malte, de Crète, d’Angleterre même, des renforts partaient pour l’Egypte où l’on ne comptait guère plus de 5.000 soldats anglais ; la presse relatait en les amplifiant tous ces mouvements de troupes. Du côté des Turcs, on disait qu’un corps nombreux se rassemblait à Raphia, à la frontière égyptienne ; on parlait d’une armée de 80.000 hommes dont les éléments se concentraient à Damas, àMaân, et l’on signalait la mise à terre, à Beyrouth, de canons destinés à fortifier Akaba où campaient 2.800 hommes sous Ruchdi-pacha. Tout ce branle-bas ne devait aboutir qu’à une solution pacifique. Le Sultan attendit le jour où expirait le délai fixé p^1 l’ultimatum, puis, apprenant que l’escadre du prince de Battenberg avait levé l’ancre et faisait route vers