448 TRENTE ANS D’iNDÉPENDANCE nés au bruit du canon de la délivrance ont maintenant trente ans ; ils entrent dans la vie politique : c’est un élément nouveau, une inconnue. Ce qu’ils seront, nul ne saurait le prédire ; mais on peut prévoir qu’ils différeront de leurs aînés comme, en France, ceux qui ont vécu 1870 se distinguent de ceux qui en ont seulement entendu le récit. C’est pour ces Bulgares de demain que les fêtes récentes ont pu être d’utiles leçons de choses, de salutaires enseignements. C’est à eux que, nous aussi, nous aimerions à dédier ces quelques pages, consacrées à l’œuvre que leurs pères ont accomplie depuis 1878. Nous serions heureux si ces lignes pouvaient leur apparaître comme l’opinion impartiale d’un ami du dehors qui s’est efforcé de rendre justice à leur pays, sans masquer ni ses faiblesses, ni les dangers qui peuvent le menacer ; nous souhaiterions aussi qu’elles contribuassent, en faisant mieux connaître les Bulgares en France, à les y faire aimer davantage et à resserrer, entre les deux nations, des liens de sympathie qu’aucune divergence grave d’intérêts ne risque d’affaiblir. I Quand on vient de traverser la Macédoine ou la Thrace, et qu’on franchit la frontière de la Principauté bulgare, le contraste est si saisissant qu’il n’est pas un voyageur qui n’en ait été frappé. Bu côté turc, l’immense tristesse des campagnes mal cultivées où les hommes, fuyards comme des bêtes traquées, semblent se terrer sous leurs chaumières basses ; la frontière franchie, le train file plus vite a