LE CONFLIT AUSTRO-SERBE 421 Schneider, bien que les essais, chez Krupp et surtout chez Scoda, eussent été faits dans des conditions bien moins satisfaisantes. Au retour, les membres de la commission se partagèrent : qu’il nous suffise de dire que les spécialistes des questions d’artillerie furent précisément ceux qui se prononcèrent pour le canon Schneider et que les raisons alléguées par les autres n’appartenaient pas toujours à l’ordre technique. Les intrigues, à partir de ce moment, recommencent avec plus d’âpreté et plus d’acharnement. Les usines d’Essen avaient eu, depuis 1871, une sorte de monopole de fait pour la fourniture des canons aux gouvernements étrangers; mais, en ces dernières années, les progrès de l’artillerie à tir rapide ont été tels, en France, que la Bulgarie, la première, rompant en visière à l’opinion courante, commanda tout son matériel de campagne au Greusot. Le Portugal, l’Espagne, la Grèce, ont depuis suivi son exemple : la Serbie, à son tour, allait-elle déserter les usines allemandes ? La question devenait d’autant plus délicate quelle se liait étroitement à celle de l’emprunt et à celle du traité de commerce. L’Autriche, persuadée que la Serbie ne pourrait supporter longtemps la rupture des relations économiques avec elle et la fermeture de la frontière, faisait de la commande des canons à l’industrie autrichienne une condition de la reprise des négociations pour le traité de commerce. Mais, d’autre part, le gouvernement serbe ayant décidé de contracter un important emprunt, précisément pour payer les nouveaux canons et augmenter son réseau de chemins de fer, ne pouvait se passer ni du concours des financiers français, ni de celui du gouvernement de qui dépend l’admission à la cote dp la Bourse de Paris. C'est sur le marché français