208 LA QUESTION DE MACÉDOINE Turc dominera des populations chrétiennes, ou du moins tant qu’il restera le « Turc » avec tout ce que l’histoire et des siècles de guerre et d’oppression ont mis de haine dans ce mot. Les réformes pourront apporter à la Macédoine des améliorations de surface, elles n’atteindront pas la racine même du mal. Ainsi raisonnent tous ceux, écrivains, hommes d’État ou diplomates, qui se montrent sévères pour l’œuvre des réformes et incrédules sur ses avantages. Tout autre est le point de vue de l’Europe, et, tant que les puissances reconnaîtront l’intégrité de l’Empire ottoman pour l’un des fondements de l’équilibre européen, il faut convenir qu’elle ne saurait adopter que celui-là. Les Bulgares souhaitent pour la Macédoine un gouvernement particulier et des privilèges spéciaux qui lui assurent au moins une demi-indépendance, tandis que l’Autriche-Hongrie et la Russie, comme « puissances les plus directement intéressées », soutenues, jusqu’à présent, malgré certaines divergences, par les autres grandes nations, recherchent l’affermissement de l’autorité du Sultan en Macédoine en exerçant un contrôle sur l’administration turque, en surveillant le choix des fonctionnaires et en assurant leur moralité par le paiement régulier de leurs appointements. C’est le but que se proposent d’atteindre les « agents civils » et les « conseillers financiers » ; ce sont les formules qui reparaissent dans toutes les négociations avec la Porte. Nous avons pu voir, dans certains cas, d’autres tendances se faire jour; mais, jusqu’à ces derniers mois, toutes les grandes puissances ont continué à soutenir ostensiblement l’œuvre entreprise par les cabinets de Vienne et de Saint-Pétersbourg. Si l’on se place à ce point de vue, on doit reconnaître que les réformes, entravées par l’action des bandos, paralysées par