180 LA QUESTION DE MACÉDOINE d’Orient. Le Sultan s’y était rallié avec d’autant plus d’empressement qu’il savait, par la publication du Livre Jaune, que M. Delcassé, adoptant les vues de M. Steeg, avait d’abord préconisé un programme plus radical, plus explicite, — notamment sur l’institution d’un contrôle européen chargé de veiller à l’exécution des réformes — qui lui valait l’expression de la gratitude des populations chrétiennes et des petites puissances danubiennes. Quoi qu’il en soit, tous les gouvernements, entrant volontiers dans les vues des « puissances de l’entente », faisaient recommander à Constantinople, par leurs ambassadeurs, l’application du programme de Vienne. A Sofia et à Belgrade, les conseils énergiques du comte Lamsdorff produisaient leur effet. En Bulgarie, le cabinet présidé par M. Daneff prenait des mesures rigoureuses pour empêcher les Comités de préparer une nouvelle insurrection : il faisait fermer leurs locaux, saisir leurs archives, arrêter et déférer à lajustice les principaux chefs, Michaïlowski, Zontcheff, Stanicheff, le colonel Yankof. Partout, on attendait, sinon avec confiance, du moins avec espérance, le résultat de l’intervention austro-russe et le succès des réformes : ce fut l’insurrection générale qui éclata. La situation, en quelques semaines, devenait très grave. Insuffisantes au gré des Macédoniens, les réformes étaient beaucoup trop libérales au gré des Albanais : pour en empêcher l’exécution, ils se levaient en masse, se réunissaient à Ipelc et à Diakova, massacrant les chrétiens serbes, et attaquaient Mitro-vitza où l’un d’eux assassinait le consul de Russie. Les bandes bulgares, que l’hiver avait à peine arrêtées, reprenaient la campagne, sous l’impulsion énergique deSarafof. A Yildiz, le Sultan hésitait, n’osant pas sévir contre ses fidèles Albanais; mais ilmobili-