CHEMINS DE FER ET RÉFORMES 271 ligence et de dissociation subsistent, mais il existe désormais partout un parti qui prend de plus en plus conscience des intérêts communs à tous les Slaves du Sud. Les Bosniaques et les Herzégoviniens, malgré tous les efforts de l’administration autrichienne, malgré ses bienfaits matériels, manifestent, chaque fois qu’ils en ont l’occasion, leur solidarité serbe ; on a vu, — fait jusqu’à présent inouï, — des Serbes bosniaques musulmans, des catholiques et des orthodoxes, oublier leurs vieilles haines religieuses et sociales pour affirmer en commun leur espoir dans l’avenir de la grande patrie. Au Monténégro, le parti constitutionnel, dont le chef est M. Radovitch, naguère encore président du Conseil, ne cache pas ses sympathies serbes et son désir d’entente étroite avec Belgrade ; ce parti est pour le moment vaincu1, mais il conserve les sympathies secrètes d’une grande partie delà population. La population du sandjak de Novi-Bazar, que doit traverser le futur chemin de fer Uvaé-Mitrovitza est, elle aussi, serbe avec une minorité albanaise ; il en est de même de la province turque de Yieille-Serbie (Pristina, Prizrend) qui fait partie du vilayet de Kossovo. En Croatie, la tentative d’entente avec la Hongrie, essayée après le congrès de Fiume, a aujourd’hui complètement échoué: les élections qui ont eu lieu au printemps 1908, pour la Diète croate, ont donné l’unanimité des voix aux partis antimagyars et la majorité à la coalition croato-serbe : résultat significatif si l’on songe à ce qu’a toujours été, entre les mains des « bans » envoyés par Budapest, la pression administrative. Nous voilà loin, en apparence, du chemin de fer , 1- M. Radovitch et ses amis politiques, à la suite d’un procès 'nique, viennent d’être condamnés à des peines très sévères (25 juin 1908).