294 LA CRISE DE 1908 présentent un projet de réforme et d’inspection des services judiciaires que l’Angleterre réclame depuis longtemps. En même temps elles publient une note destinée à expliquer le fameux article 3, ou plutôt à le retirer, et à bien spécifier qu’aucune délimitation de sphères d’influence no sera faite en Macédoine. Les grandes puissances appuient mollement l’action indécise des « puissances de l’entente » ; on a l’impression de toutes parts que le programme de Mürz-steg est insuffisant et que la politique dont il est l’expression a fait son temps. Ces afiaires de Macédoine éternellement renaissantes découragent les bonnes volontés, lassent les patiences. Les ambassades, à Constantinople, ont bien d’autres affaires, elles ont « les affaires », l’âpre concurrence pour le commerce, pour les concessions de mines ou de chemins de fer dont elles ne peuvent pas se désintéresser. Comment faire aboutir ces « affaires » pour lesquelles les ambassades ont besoin de la Porte et, en même temps, toujours revenir sur ces irritantes questions de Macédoine, toujours réclamer de nouvelles réformes pour, toujours, entendre la même réponse qui peut se résumer ainsi : « Le gouvernement ottoman fait tout ce qu’il peut pour donner satisfaction aux puissances, plus même qu’il ne peut; il souffre plus que personne de l’état d’insécurité et d’anarchie qui désole les trois vilayets, mais l’ordre se rétablirait de lui-même si l’Europe voulait bien parler ferme à Sofia, à Belgrade et à Athènes et obliger les Etats balkaniques à ne plus fournir aux bandes de l’argent, des hommes, des armes, des asiles. » Et l’Europe parle à Sofia, à Belgrade et à Athènes, et les trois gouvernements répondent que les bandes sont autonomes, qu’aucun secours, aucun appui ne leur est donné, que c’est la misère des habi-