166 LA QUESTION DE MACÉDOINE Les projets d’organisation résultant de ces travaux seront soumis à l’examen de la Sublime-Porte qui, avant de promulguer les actes destinés à les mettre en vigueur, prendra l’avis de la commission européenne instituée pour la Roumélie orientale. Ce texte, solennellement délibéré en congrès et approuvé par toutes les puissances, a créé, pour les provinces de la Turquie d’Europe un droit, pour le gouvernement turc une obligation stricte, pour l’Europe un devoir. Strictement appliqué, il comportait l’égalité de toutes les religions, une liberté municipale complète et un amoindrissement considérable de l’autorité des fonctionnaires ottomans. On put croire qu’une régénération radicale de l’administration des provinces européennes de l’empire ottoman en sortirait, quand on vit la Sublime-Porte élaborer elle-même un long projet de loi etle soumettre, selon les termes du traité de Berlin, à l’examen de la commission européenne de la Roumélie orientale dont les membres l’approuvaientetlesignaientle 23 août 1880. C’est le projet connu sous le titre de Loi des vilayets de la Turquie d'Europe1 qui concède à tous les sujets du Sultan, sans distinction de religion ou de nationalité, les garanties les plus étendues au point de vue du statut personnel, de l’administration, de la justice, du culte, de l’instruction, etc. Si la Porte prenait elle-même l’initiative d’un si beau projet, au lieu d’exécuter à la lettre l’article qui lui prescrivait de « nommer des commissions spéciales » pour étudier l’application du traité, c’est qu’elle comptait bien que l’Europe ne tarderait guère à se désintéresser des réformes. Les délégués des puissances à la commis- 1. Voyez Schopoff, op. cit., p. 392. Cf. Max Choublier, op. cit., p. 91, et d’Avril, Négociations, etc., p. 364.