426 LE CONFLIT AUSTRO-SERBE montrait que la résistance de Ja Serbie ne serait pas réduite par la seule fermeture de la frontière, on se montrait plus traitable vis-à-vis d’elle. La Serbie n’était pas seule à souffrir des effets du conflit économique : en Hongrie, en Autriche, en Allemagne, le prix de la viande haussait ; l’absence du bétail serbe n’était, sans doute, que l’une des causes de ce renchérissement si impopulaire ; mais comme c’était l’une des plus palpaples, ce fut à celle-là surtout que le mécontentement public s’en prît. Parfois les journaux signalaient l’entrée en fraude, sous les yeux, fermés par ordre supérieur, des douaniers hongrois, de plusieurs centaines de têtes de bétail serbe. Le comte Goluchowski, en octobre 1906, donnait sa démission, et l’on pouvait dès lors prévoir qu’un accord interviendrait entre les deux gouvernements. Ainsi, l’expérience est faite et elle a été, somme toute, favorable à la Serbie et à son gouvernement qui redoutaient une crise plus grave et qui n’osaient pas espérer sortir à si bon compte d’une épreuve si redoutable. Les « jeunes radicaux » ont violemment attaqué le cabinet sur sa politique financière et sur la question des canons ; mais ils se disent, eux aussi, partisans d’une politique indépendante en face de l’Autriche-Hongrie. Seuls les « libéraux1, » qui suivent M. Yeljkovitch, ont fait entendre une note austrophile ; sans doute, à leurs yeux, il serait souhaitable que la Serbie fût réellement en état de s’affranchir de la tutelle autrichienne, mais ils en nient la possibilité pratique; il leur semble que les débouchés nouveaux, trop éloignés, ne sauraient, en aucun cas, remplacer le marché autrichien et hon- 1. On se tromperait complètement si l’on attribuait à ces dénominations un sens analogue à celui qu’elles ont en France.