ET LA QUESTION ARABE 375 cupation anglaise. Juridiquement, en effet, la présence des troupes et des fonctionnaires britanniques n’a pas modifié la situation du Khédive vis-à-vis du Sultan ; l’Egypte, même occupée par les Anglais, reste une province de l’Empire ottoman gouvernée héréditairement par le Khédive et ses héritiers. Le fait, par la France, d’avoir, par la convention du 8 avril 1904, renoncé à prendre l’initiative de réclamer l’évacuation de l’Egypte par les Anglais n’a rien changé à sa situation internationale ni rien retranché aux droits des autres puissances ou à ceux de la Turquie. C’est ce que M. deFreycineta, dans la conclusion de son beau livre, fortement exprimé : « La présence des troupes britanniques, écrit-il, n’est pas plus légitime à cette heure qu’elle ne l’était il y a vingt ans. La position « exceptionnelle et transitoire » de la Grande-Bretagne — pour employer les expressions de lord Salisbury — ne s’est, au point de vue du droit, aucunement modifiée. La convention du 8 avril 1904 n’y a rien changé. La France s’est interdit une initiative, et c’est tout. Mais l’Angleterre, pas plus aujourd’hui qu’hier, n’est ni souveraine de l’Egypte, ni protectrice, ni investie d’une délégation du Sultan. Les traités de 1856 et de 1878 sont toujours en vigueur. L’Europe peut évoquer la question et réclamer une solution conforme au droitl. » Est-ce précisément cette question que le Sultan a 'oulu poser? est-ce cette situation juridique qu’il a prétendu rappeler? a-t-il voulu, par un acte, empêcher une sorte de prescription de s’établir et affirmer ses droits souverains ? Il est permis de le croire et il La Question d'Egypte, par M. C. de Freycinet (Calmann-Lévy, »05, in-8“), p. 439.